Victime de violences sexuelles et/ou sexistes

Violence ou pas violence ? Victime ou pas victime ?

Être victime des violences sexistes, c’est le fait d’avoir subi ou de subir des violences parce que l’on est une femme, une fille ou identifié·e comme telle. Seulement, si certaines violences à l’égard de femmes ou de filles sont assez faciles à repérer, d’autres sont plus difficiles à percevoir ou mettent du temps à être reconnues comme de la violence par la victime et/ou par les témoins. De même, cela met parfois du temps pour que la personne qui a vécu ou vit ces violences se perçoive ou soit perçue comme victime.

Pourquoi cette difficulté à repérer les violences sexistes et leurs victimes ?

Ce phénomène a plusieurs causes. En voici quelques-unes.

Pour commencer, cela peut être dû au fait que cette violence est parfois subtile. Elle peut prendre l’apparence de l’humour, de quelque chose fait ou dit « pour rire ». Cela rend alors plus flou le fait qu’il s’agit bel et bien de violence. Le harcèlement sexuel, par exemple, peut prendre cette forme.

Ensuite, cette difficulté à percevoir et reconnaître cette violence, et donc la victime, peut également être liée au fait que certaines pratiques (circoncision, mutilations génitales féminines, etc.) ou certains comportements violents (agressions sexuelles, etc.) sont très présents, courants ou banalisés dans notre environnement (au sein de notre communauté, de notre milieu professionnel, via la culture du viol, etc.). On finit presque alors par les considérer comme quelque chose de « normal » ou de banal alors qu’il s’agit en fait de violences sexistes. C’est le cas, par exemple, du « baiser sur la bouche imposé par un homme à une femme”, sans son consentement, que le cinéma et la publicité ont représenté sous des traits romantiques et glamour, rendant ce type de baisers presque désirable, ou encore du viol au sujet duquel certain·e·s humoristes font des blagues sexistes qui semblent l’encourager, banalisant ainsi sa pratique et les réalités qui l’entourent. Ainsi, lorsque ces pratiques ou comportements se produisent réellement dans la vie d’une femme ou d’une fille, certaines personnes peuvent avoir tendance à considérer que « ce n’est rien », « ce n’est pas bien grave », « c’est comme ça chez nous », etc. En bref : être enclines à estimer qu’il n’y a pas eu là de vraie violence ou que, s’il y en a eu, elle était justifiée, normale, acceptable. Et qu’il n’y a donc pas vraiment de victime.

Enfin, on peut également évoquer certains mécanismes psychologiques qui peuvent expliquer la difficulté de se dire victime de violence. Il s’agit par exemple de l’amnésie traumatique ; pour préserver son équilibre mental, le cerveau de la personne victime de violence va faire en sorte que celle-ci oublie l’épisode traumatisant (le viol, par exemple). Il arrive que des souvenirs de l’événement refassent surface par la suite, parfois plusieurs années après l’agression. Là encore, difficile de se dire victime puisqu’on ne se souvient pas des faits.

Des dommages ? Dommage !

Pourtant, si les violences les moins intenses, telles que blagues à connotation sexuelle ou les insultes, peuvent rapidement être oubliées par la victime, sans avoir d’impact conséquent sur celle-ci, d’autres violences, plus intenses ou répétées, peuvent la marquer plus durablement, de manière plus ou moins sévère. Ainsi les dommages peuvent-ils varier en degré de gravité et être d’ordre psychologique, physique, économique ou autres. Ils peuvent, par exemple, consister en stress, anxiété, angoisse, tristesse, dépression, handicap, stérilité, pauvreté, voire même décès.

Y a-t-il un profil type de victimes de violences ?

Les victimes des violences sexuelles et/ou sexistes n’ont pas de profil type. Le seul point commun entre toutes ces victimes est qu’elles sont, dans la grande majorité, des personnes de sexe féminin ou identifiées comme telles. Mais ces victimes sont issues de toutes les zones géographiques, se trouvent dans toutes les tranches d’âge, toutes les religions, toutes les classes socio-économiques, etc.

Quelques tendances observées chez certaines victimes ?

Il arrive que certaines d’entre elles minimisent les faits ou qu’elles éprouvent de la honte par rapport à la violence qui leur est faite. D’autres encore cherchent, dans leur propre comportement, leurs dires ou leur tenue vestimentaire, la cause de leur agression, et se sentent coupables de ce qui leur est arrivé (inversion de la culpabilité).

Les violences envers les femmes et les filles ont-elles une justification valable ?

Rien ne justifie les violences sexuelles et/ou sexistes à l’égard d’une femme ou d’une fille. Bien que certaines personnes cherchent parfois à trouver la cause de ces violences dans l’identité, le comportement ou la tenue vestimentaires des victimes, celles-ci ne sont nullement coupables ou responsables des traitements qui leur sont infligés. L’auteur·rice de ces violences est seul·e responsable de ses actes et ceux-ci sont punissables par la loi. Et si on peut expliquer les mécanismes qui favorisent la survenue de ces actes, rien ne les justifie, ni ne les excuse ou ne les autorise.

Que faire si je suis victime de violence sexuelle ou sexiste ?

Ne pas se taire, parler de ce que l’on a vécu ou vit à un·e ami·e, une personne de la famille, un·e enseignant·e, une personne de confiance, un témoin ou encore à un·e professionnel·le de l’accompagnement des victimes. En tout cas, ne pas garder cela pour soi. Il faut parler, aller chercher de l’aide pour faire cesser la situation de violence, trouver du réconfort, s’outiller, se former, s’informer, se soigner, se renforcer (cf. Fiche « Prévention et aide » et Fiche « Ressources », p. x).