Chiffres des violences faites aux femmes

La Belgique a ratifié, en 2016, la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, aussi appelée Convention d’Istanbul. L’article 11 de ce texte précise que les États s’engagent à collecter régulièrement des données statistiques (présentées par sexe) concernant les différentes formes de violences à l’égard des femmes. Pourtant, trouver des chiffres fiables n’est pas un exercice facile en Belgique, car il existe très peu de statistiques officielles. C’est pourquoi les chiffres présentés ici proviennent principalement d’études réalisées chez notre voisin français ainsi qu’au sein de l’Union européenne, et par les Nations Unies (UNESCO, UNICEF, etc…).

Les chiffres repris ici permettent de se faire une idée de la fréquence de certaines de ces violences.

De manière générale, les statistiques en la matière rendent également perceptibles les effets des plans de lutte contre ces violences (tels que le plan Stop féminicide adopté en 2023 en Belgique) et permettent de mesurer l'impact des lois et sanctions en la matière.

Chiffres généraux sur les violences faites aux femmes

Dans le monde, l’UNESCO estime que 736 millions de femmes de plus de 15 ans - soit près d’une sur trois - ont subi au moins une fois dans leur vie des violences physiques et/ou sexuelles (1). Au sein de l’Union européenne, c’est le même chiffre qui ressort, à savoir 1/3 des femmes ayant subi au moins une fois des violences physiques et/ou sexuelles depuis l’âge de 15 ans (2).

Mais les violences à l’égard des femmes ne sont pas que physiques ou sexuelles. Ainsi, au sein de l’UE, 32% des femmes auraient subi des comportements psychologiquement violents de la part d’un·e partenaire actuel·le ou ancien·ne, et plus de 15% des femmes auraient subi des violences de nature économique au sein de leur couple actuel ou antérieur (3).

Chiffres des violences faites aux femmes dans le contexte domestique

Ces multiples violences à l’encontre des femmes sont souvent perpétrées dans le contexte domestique. Ainsi, dans le monde, plus de 640 millions de femmes âgées de plus de 15 ans ont été confrontées à la violence perpétrée par leur partenaire intime, ce qui représente un total de 26 % des femmes dans le monde (4).

Si l’on se réfère à l’Union européenne, le chiffre est assez proche puisque, parmi les femmes qui ont (eu) une relation avec un homme, 22 % ont subi des violences physiques et/ou sexuelles (5). En France, les viols ou tentatives de viols dans la sphère conjugale ont fait, en 2020, 4 800 victimes dont 98 % sont des femmes (6).

Chiffres des violences sexuelles à l’égard des femmes

Les violences sexuelles à l’encontre des femmes sont extrêmement répandues puisqu’au sein de l’Union européenne, environ la moitié des femmes de plus de 15 ans aurait été victime de harcèlement et/ou d’agressions sexuels, ce qui représente environ 100 millions de femmes.

En Belgique, 78 % des femmes ont déclaré, dans le cadre d’une enquête éditée en 2021, avoir déjà subi dans leur vie une forme de violence sexuelle sans contact physique avec l’auteur·rice, et 41 % des femmes déclarent avoir été victimes d’une forme de violence sexuelle impliquant des contacts physiques avec l’auteur·rice (7).

Chiffres sur le viol

Au sein de l’UE, 11 % des femmes ont déclaré avoir été victimes de viol (8).

En Belgique, il toucherait jusqu’à 19 % des femmes (9).

En France, 94 000 femmes âgées de 18 à 75 ans auraient été victimes d’un viol ou d’une tentative de viol, en moyenne, chaque année sur la période 2011-2018. Cela équivaudrait à un viol commis toutes les 7 minutes. De plus, pour ces femmes victimes, dans 45 % des cas décrits, l’auteur est un conjoint ou un ex-conjoint (10).

Chiffres sur les violences envers les femmes dans la sphère publique

Les violences sexistes dans la sphère publique (au travail, dans l’espace public, dans les transports, etc.) sont également très répandues.

Ainsi, en ce qui concerne les violences au travail, plus de 75 % des femmes au sein de l’UE ont déclaré avoir déjà été victimes une fois dans leur vie de harcèlement (psychologique et/ou sexuel) et/ou d’agression sexuelle dans un cadre professionnel, même lorsqu’elles occupent un poste de cadre supérieur (11).

En France métropolitaine, c’est environ 1 million de femmes âgées de 20 à 69 ans qui a été confronté au moins une fois en 2015 à du harcèlement sexuel, soit dans le cadre du travail, soit dans le cadre de leurs études ou dans l’espace public (12). Dans ce dernier cas, c’est 61 % des femmes qui ont déclaré avoir déjà été destinataires d’un acte ou de propos sexistes dans l’espace public français, et 100 % des utilisatrices des transports en commun déclarent avoir été victimes au moins une fois dans leur vie de harcèlement sexiste ou d’agression sexuelle (13).

En Belgique, les chiffres sont proches puisqu’en Wallonie, 98 % des femmes ont déclaré avoir déjà subi des comportements sexistes dans la rue ou dans un transport en commun (14).

Chiffres sur le cyberharcèlement à l’encontre des femmes

Les violences sexistes sont aussi extrêmement répandues sur la toile. Ainsi, dans le monde, 70 % des femmes journalistes hétérosexuelles ont déclaré avoir été attaquées en ligne. Ce chiffre passe à 85 % pour les journalistes s’identifiant comme lesbiennes et bisexuelles (15).

En Wallonie, 20 % des filles (et 13 % des garçons) rapportent avoir subi des insultes en ligne sur leur apparence physique. Elles sont aussi 2 fois plus nombreuses que les garçons à avoir été l’objet de rumeurs (13,3 % contre 6,3 %). Plus d’une fille sur six (17 %) contre un garçon sur dix (1,1 %) a été confrontée en 2015-2016 à des cyberviolences à caractère sexuel en lien avec des photos, vidéos ou textos (16).

 

Chiffres sur les mariages forcé

Chaque année, dans le monde, près de 700 millions de jeunes filles de moins de 18 ans sont mariées de force. Cela veut dire aussi que 650 millions de filles et de femmes aujourd’hui en vie ont été mariées avant l’âge de 18 ans. Ceci représente 1 jeune femme sur 5 dans le monde (17).

Parmi ces femmes, près d’1/4 des filles âgées de 15 à 19 ans a subi des violences physiques et/ou sexuelles de la part de son partenaire intime (18).

 

Chiffres sur les mutilations génitales féminines (MGF)

Les femmes sont aussi les premières victimes des mutilations génitales. L’UNICEF estime à 200 millions le nombre de victimes de mutilations génitales féminines dans le monde (19). En Europe, et rien que dans 13 pays, on estime que 180 000 filles courent le risque d’être mutilées, tandis que 600 000 femmes subissent des conséquences de mutilations génitales (20).

Il faut également souligner que les mutilations génitales concernent aussi trop souvent les personnes intersexes, dont le nombre pourrait atteindre 1,7 % de la population mondiale (pour plus d’informations, voir l’interview de Clémence : https://youtu.be/kFiYLQS91P4).

 

Chiffres sur les féminicides

La violence la plus conséquente pour les femmes est le féminicide puisqu’il désigne le meurtre de femmes parce qu’elles sont femmes.

Dans le monde, 81 000 femmes et filles ont été tuées en 2020, dont environ 47 000 (58 %) par un·e partenaire intime ou un membre de la famille, ce qui équivaut, selon l’UNESCO, à une femme ou une fille tuée toutes les 11 minutes dans son foyer (21).

En France, 82 % des morts au sein du couple sont des femmes et, parmi les femmes tuées par leur partenaire, 35 % étaient victimes de violences antérieures de la part de leur compagnon (22).

Sources

  1. OMS (Organisation mondiale de la santé) : chiffres issus de l’étude réalisée en 2021 par le Groupe de Travail Inter-Agences des Nations Unies sur les estimations et les données sur les violences faites aux femmes, téléchargeable sur https://www.unwomen.org/fr/what-we-do/ending-violence-against-women/facts-and-figures#notes.
  2. FRA (European Union Agency for Fundamental Rights) : chiffres issus du rapport « Violence à l’égard des femmes, une enquête à l’échelle de l’UE » réalisé en 2014 et téléchargeable sur https://fra.europa.eu/fr/publication/2014/la-violence-legard-des-femmes-une-enquete-lechelle-de-lue-les-resultats-en-bref.
  3. Ibid.
  4. OMS (Organisation mondiale de la santé), op. cit., https://www.unwomen.org/fr/what-we-do/ending-violence-against-women/facts-and-figures#notes.
  5. FRA (European Union Agency for Fundamental Rights), op. cit., https://fra.europa.eu/fr/publication/2014/la-violence-legard-des-femmes-une-enquete-lechelle-de-lue-les-resultats-en-bref.
  6. HEC (Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes-France) : chiffres issus du Rapport annuel 2022 sur l’état du sexisme en France, téléchargeable sur https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/stereotypes-et-roles-sociaux/travaux-du-hce/article/rapport-2022-sur-l-etat-du-sexisme-en-france-sexisme-en-2022-le-1er-barometre.
  7. BELSPO (Politique scientifique fédérale de Belgique) : chiffres issus de l’étude éditée en 2021 : « UN-MENAMAIS - Compréhension des Mécanismes, Nature, Magnitude et Impact de la Violence sexuelle en Belgique (2017-2021) » et téléchargeable sur https://www.diversite-europe.eu/fr/news/violences-sexuelles-en-belgique-les-chiffres-de-la-premiere-etude-denvergure.
  8. FRA (European Union Agency for Fundamental Rights), op. cit., https://fra.europa.eu/fr/publication/2014/la-violence-legard-des-femmes-une-enquete-lechelle-de-lue-les-resultats-en-bref.
  9. BELSPO (Politique scientifique fédérale de Belgique), op. cit., https://www.diversite-europe.eu/fr/news/violences-sexuelles-en-belgique-les-chiffres-de-la-premiere-etude-denvergure.
  10. Ministère de l’Intérieur et d’Outre-mer français : chiffre issus du rapport d’enquête « Cadre de vie et sécurité » (2019), disponible sur https://www.noustoutes.org/comprendre-les-chiffres/.
  11. FRA (European Union Agency for Fundamental Rights), op. cit., https://fra.europa.eu/fr/publication/2014/la-violence-legard-des-femmes-une-enquete-lechelle-de-lue-les-resultats-en-bref.
  12. Ministère de l’Intérieur et d’Outre-mer français, op. cit., https://www.noustoutes.org/comprendre-les-chiffres/.
  13. Ibid.
  14. Région wallonne : chiffres issus de l’enquête de JUMP (entreprise sociale européenne) sur le sexisme entre 2015 et 2016, disponible sur https://jump.eu.com/wp-content/uploads/2016/11/Full_Report-Sexisme-French_Englishweb.pdf.
  15. UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture) : chiffres issus de l’étude publiée en 2021 dans l’étude The Chilling: Global Trends in Online Violence against Women Journalists, vu sur…
  16. Région wallonne, op. cit., https://jump.eu.com/wp-content/uploads/2016/11/Full_Report-Sexisme-French_Englishweb.pdf.
  17. UNICEF (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture) : chiffres disponibles sur https://www.unicef.fr/convention-droits-enfants/protection/mariage-force/.
  18. OMS (Organisation mondiale de la santé), op. cit., https://www.unwomen.org/fr/what-we-do/ending-violence-against-women/facts-and-figures#notes.
  19. UNICEF (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture) : chiffres disponibles sur https://www.unicef.org/fr/recits/mutilations-genitales-feminines.
  20. Commission européenne : chiffres disponibles sur https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/statement_22_727.
  21. ONUDC (Office des Nations Unies contre les drogues et le crime) : chiffres présentés dans le rapport publié en 2021 : « Killings of Women and Girls by their Intimate Partner or Other Family Members Global Estimates 2020 », disponible sur https://www.unwomen.org/fr/what-we-do/ending-violence-against-women/facts-and-figures#notes.
  22. HEC (Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes-France), op. cit., https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/stereotypes-et-roles-sociaux/travaux-du-hce/article/rapport-2022-sur-l-etat-du-sexisme-en-france-sexisme-en-2022-le-1er-barometre.