Violence /Violences basées sur le genre

Comment détermine-t-on le sexe d’une personne ?

La plupart du temps, on observe la forme des parties génitales externes (visibles) d’une personne pour déterminer son sexe. Et, en général, il est facile de déterminer le sexe d’une personne et de dire sans se tromper si elle est de sexe masculin (mâle) ou de sexe féminin (femelle).

Cependant, il faut savoir que, pour près d’1,7 % de la population mondiale, les choses sont moins simplistes et que certaines personnes ne sont ni de sexe féminin ni de sexe masculin, ou sont les deux à la fois. Elles présentent l’une ou l’autre des variations des caractéristiques sexuelles qui existent. Ce sont des personnes intersexuées.

Qu’est-ce que le genre d’une personne ?

À partir des sexes qu’elle reconnaît, souvent le binôme « sexe masculin »-« sexe féminin », chaque société construit ce qu’on appelle le genre.

Le genre est l’ensemble des rôles et des fonctions (par exemple les caractéristiques, comportements, droits et devoirs) qu’une société attribue aux personnes de sexe féminin, d’un côté, et aux personnes de sexe masculin, de l’autre.

Par exemple, nombre de sociétés associent de manière générale des traits comme la douceur, la minceur, le calme, la discrétion, le goût du rose, le fait de prendre soin des autres, la fragilité, etc., aux personnes de sexe féminin tandis qu’elles associent plus volontiers la force, l’énergie, le courage, le pouvoir, le goût pour le football, etc., aux personnes de sexe masculin.

Mais, en réalité, ces caractéristiques peuvent se retrouver chez les deux sexes. Or, en inculquant et en diffusant ces deux modèles (et les stéréotypes qui y sont liés) à ses membres, chaque société construit le genre féminin (ce que cela veut dire être une « fille », une « femme ») et le genre masculin, autrement dit, ce qu’elle entend par « garçon » ou « homme ». Ces modèles n’étant pas naturels, chacun·e apprend, de manière plus ou moins consciente, à se comporter comme un « homme » ou une « femme », en (n’)étant pas du tout, peu, ou tout à fait d’accord et en phase avec ces modèles. D’autres personnes refusent de se conformer à ces modèles et choisissent plus librement leurs comportements, préférences, etc.

Égalité ou hiérarchie entre les femmes et les hommes ?

De nombreuses sociétés sont construites sur l’idée qu’il existe une hiérarchie entre les hommes et les femmes, que les femmes ne sont pas les égales des hommes. Celles qui considèrent que les hommes doivent dominer les femmes, que cela est juste, sont appelées sociétés patriarcales. Ce type « d’organisation sociale est fortement inégalitaire et génère des injustices à l’encontre des femmes »(1)

Les violences basées sur le genre (VBG), c’est quoi ?

« L’expression VGB est […] utilisée afin de faire référence à toute forme de violence liée aux rôles socialement attribués aux hommes, aux femmes, aux garçons et aux filles, tout comme [aux] violences contre les hommes en relation, avec les normes de masculinité, et/ou [aux] violences contre les personnes et les groupes homosexuels, bisexuels ou transgenres, en relation avec les normes et l’identité sexuelle. Il est communément admis que les VBG affectent principalement les femmes et les filles. Les termes “VBG” et “violences à l’égard des femmes” sont souvent utilisés de manière interchangeable, car la plupart des violences faites aux femmes (par des hommes) ont des motivations sexistes, et parce que la violence fondée sur le genre touche les femmes de manière disproportionnée »(2), c’est-à-dire de manière bien plus importante qu’elle ne touche les hommes.

Des violences ? Quand ? Où ? Comment ?

Ces violences prennent diverses formes : main sur les fesses, harcèlement (en ligne ou non), moquerie, insulte, mariage forcé, séquestration, menaces, privation de ressources financières, mutilations génitales féminines, cris, coups, manque de soin, viol, féminicide, etc.

Elles peuvent se produire à tout âge au cours de la vie d’une fille/femme, depuis le berceau jusqu’à l’approche du tombeau, et existent partout dans le monde, dans toutes les couches de la société.

Les violences faites aux femmes et aux filles peuvent être de nature sexuelle, physique, psychologique, économique, administrative, etc. Elles ont lieu dans les sphères et les espaces que l’on fréquente, tels que la famille, le couple, le lieu de travail, la rue, les transports en commun, au sein des institutions policières, scientifiques, religieuses, politiques, médicales, etc. Elles peuvent s’appliquer « en face à face », ou encore à distance via les espaces numériques que sont les réseaux sociaux, les téléphones, etc.

Fonction et impact de ces violences sur les victimes

« Lorsqu’au sein d’une société, la violence est banalisée, l’ensemble des femmes de cette société sont davantage susceptibles de subir des VBG. De même, les hommes qui ont une représentation des femmes comme inférieures sont davantage susceptibles de se livrer à des violences conjugales que les hommes ayant une représentation plus égalitaire. [...] Les VBG constituent un moyen de contrôle social du corps et de l’autonomie des femmes. [...] [C]es violences sont nourries par la croyance que les femmes appartiennent aux hommes et doivent se soumettre à leur volonté »(3)

Ces violences impactent la vie des femmes, parfois gravement, et ont un coût pour elles. En effet, elles impactent les femmes et les filles dans différentes dimensions, divers aspects de leur vie. Elles ont une influence sur leur manière d’occuper ou non certaines parties de l’espace public (sous peine de représailles, voire de mise en insécurité physique ou psychologique), sur leur liberté d’exercer ou non tel ou tel métier, d’épouser telle ou telle personne, sur leur confiance en elles, sur la vision qu’elles ont de leur corps, de leurs valeurs, sur leurs choix professionnels et le développement de leur carrière, etc. Tout cela a par conséquent un coût pour la société entière.

Qui peut lutter ?

Lutter contre ces violences à l’égard des femmes est synonyme de lutter pour un mieux-être des femmes, des filles et, plus globalement, un mieux-être collectif. S’il est arrivé que certaines personnes aient pensé faire de la prévention en limitant les droits des femmes de s’habiller comme elles l’entendent et de se déplacer quand et où elles le souhaitent, ce qui constitue une violence envers, aujourd’hui, on prête plus attention à la manière dont les hommes et les garçons peuvent jouer un rôle actif dans la lutte et la prévention de ces violences. L’un des axes de cette lutte est que, sachant que les garçons ne naissent pas “violents envers les femmes”, il serait utile de trouver comment faire en sorte qu’ils ne le deviennent pas.

Pour comprendre et faire cesser ces violences qui entravent les champs d’action des femmes et des filles, et restreignent ou visent à restreindre leur liberté et à les contrôler, il est important de garder à l’esprit que les femmes/filles ne constituent pas un groupe homogène et que, selon le groupe minoritaire de femmes considéré, elles sont susceptibles de vivre des violences spécifiques liées à différents critères composant leur identité et qui les exposent à des discriminations et violences spécifiques, qu’elles soient liées à la race, la classe, l’âge, les convictions philosophiques et religieuses, la situation de handicap, la corpulence, ou encore l’identité ou l’expression de genre.

Par exemple, les violences policières à l’égard des femmes ne prendront pas les mêmes formes et n’auront pas les mêmes effets selon qu’elles s’abattent sur une femme regardée comme blanche, sur une femme regardée comme non blanche ou sur une femme regardée comme non blanche et sans papiers, selon qu’elles ciblent une femme regardée comme capable ou une femme regardée comme hors des normes concernant les capacités, selon qu’elles soient perpétrées envers une femme à la situation financière aisée ou une femme à la situation financière précaire.

L’approche intersectionnelle, qui tient compte des réalités différentes que peuvent vivre certaines femmes, est donc à privilégier pour aborder les questions relatives aux violences faites aux femmes car cela permet une analyse plus fine de ces violences et de lutter contre elles plus adéquatement. Améliorer le sort des groupes minorisés est toujours profitable au plus grand nombre et améliore le sort des femmes en général.

Notes

  1. C. Calvé, A. Gal-Régniez, S. Fall Ba, H. Ménard, Violences basées sur le genre. Guide pour comprendre et agir, Equipop, 2022, p. 7. Disponible sur : https://equipop.org/guide-vbg/, consulté le 10/07/2023.
  2. Ibid.
  3. Ibid.